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Bar à oranges



L’oeuvre d’art est un objet physique, en deux ou trois dimensions, généralement qualifié ainsi pour ses qualités esthétiques. Traditionnellement pensée et produite par l’artiste, cette vision est finalement contestée par Marcel Duchamp en 1917 avec Fontaine. Il est alors le premier artiste à présenter une oeuvre qu’il n’a fabriquée de ses mains. C’est alors toute la notion d’oeuvre d’art qui est remise en cause, ce n’est plus essentiellement le talent plastique de l’artiste qui est jugé mais sa capacité à donner un sens à sa création.


C’est la direction que suivra Michel Blazy au travers de son installation Bar à oranges. Artiste français du 20ème et 21ème siècles, il concentre son travail sur des installations éphémères car celles-ci sont composées de matériaux périssables. Sa production la plus marquante reste le Bar à oranges, l’installation est en fait composée de peaux d’oranges empilées les unes sur les autres sur un plateau. L’installation est même interactive, puisque chaque visiteur vient lui-même presser son orange et placer l’écorce sur les oranges précédentes.


Ainsi on observe une décomposition de la matière venant du bas de la pile et qui fait lentement sa progression. La nuance des couleurs allant de l’orange au vert, montre l’action du temps et l’évolution de la moisissure, créant alors presque un motif aléatoire. C’est donc l’effet de décomposition qui va agir seul sur l’oeuvre sans nécessiter l’intervention de l’artiste. En effet Michel Blazy remet en cause dans sa réalisation l’action du créateur sur son oeuvre, est-elle alors vraiment nécessaire pour qu’une production trouve un sens ?

Laissant libre cours à la nature et mettant en valeur l’aspect organique et son évolution au cours du temps, Michel Blazy montre ici l’importance d’une liberté d’interprétation et fait ouvrir les yeux du spectateur vers un nouveau mode de représentation artistique.


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